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« La Douane doit innover pour combattre la fraude et la contrebande »

Fongod Edwin Nuvaga, directeur général des douanes.

Monsieur le Directeur général, le 12 janvier dernier, dans une note adressée à vos collaborateurs, vous faites mention d’un déversement sur le territoire camerounais d’huiles végétales raffinées non conformes aux normes. Où en êtes-vous avec l’opération visant à retirer du marché toutes les marques incriminées ?

D’emblée, je souhaite adresser mes meilleurs vœux à vos nombreux lecteurs pour le compte de la nouvelle année. J’en profite pour vous remercier aussi de l’importance que vous ne cessez d’accorder aux questions douanières, afin d’en éclairer le plus grand nombre. Pour revenir à votre question, les huiles végétales raffinées non conformes représentent un danger pour la santé des consommateurs, un risque potentiel pour les industries locales et un frein à la croissance de l’économie nationale. Informée de la situation par le biais d’une requête adressée par l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (ASROC), j’ai commis une équipe d’enquête qui a établi que certains opérateurs ont eu à faire rentrer frauduleusement sur le territoire national les huiles incriminées. Ces produits à savoir MOUNA, PROMEX, LA PERLA, GIRASOLE proviennent de certains pays voisins au Cameroun et ont probablement profité de la porosité de certaines de nos frontières terrestres pour se retrouver sur le marché local. Suite à ces investigations, les administrations qui sont au-devant des contrôles dans les grandes surfaces et magasins de ventes ont été saisies pour que de manière concertée, nous puissions arriver à bout de cette situation.

On pourrait, au regard de la recrudescence des saisies de produits contrefaits ou de qualité douteuse dans nos marchés, conclure à un échec de la douane dans l’une de ses missions qui est « la protection de l’espace économique national ». Que répondez-vous à cela ?

La protection de l’espace économique est un axe important des missions de la douane. Elle se fait au travers de la surveillance des frontières terrestres, maritimes, aériennes, ferroviaires, fluviales et le contrôle à la détention et à la circulation des marchandises dans le territoire national. Les différentes saisies sont la preuve que les personnes physiques ou morales qui importent, développent chaque jour de nouveaux « modus operandi » de fraude. La Douane également doit s’ajuster, innover pour combattre la fraude et la contrebande. C’est la raison d’être de certains de nos outils comme le NEXUS++ qui a donné beaucoup de satisfaction dans la lutte contre le déversement frauduleux dans les différents corridors de transit, au point où les administrations sœurs du Tchad et de la Centrafrique en ont demandé l’extension dans leurs pays. De même, avec le 100% scanning, nous enregistrons ces derniers temps des résultats notables. J’en veux pour preuve la plus grande saisie de metamphétamine jamais effectuée dans le monde, soit 100 kg pour une valeur de plus de 5 milliards de francs CFA, a été effectuée il y a à peine un an à l’aéroport de Douala. J’évoquerai également ici, la saisie de devises d’un montant de 1,3 milliard de francs CFA par mes services à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen il y a un an. Tout cela démontre clairement que la Douane se déploie avec beaucoup d’efficacité dans la lutte pour la protection de notre espace économique. Et dois-je le rappeler, il s’agit d’un combat commun à tous y compris les médias, la société civile et d’autres agences gouvernementales avec lesquels nous interagissons aux frontières. Je ne saurai oublier le partenariat avec les opérateurs économiques dont la manifestation la plus éclatante et récente est l’opération HALCOMI entendu Halte au commerce illicite. Le succès de cette opération est à trouver dans les encouragements et félicitations qui nous ont été adressés par les entreprises des filières tissus, ciment, sucre pour ne citer que citer que ces cas. Par cette opération, nous avons contribué à faire gagner des parts de marché à nos entreprises locales victimes de la contrebande des produits étrangers contrefaits.

De quels moyens (humains, matériels) et financiers disposent la douane camerounaise aujourd’hui pour assurer la surveillance de nos frontières terrestre, maritime, fluviale, ferroviaire, les ports et aéroports ?

Il n’y a pas longtemps, l’administration des douanes a connu un vaste redéploiement des responsables dans le sens de la redynamisation du service. Et cela vient en complément des nombreux recrutements des agents effectués ces cinq dernières années qui nous a permis de rajeunir les effectifs des unités opérationnelles de surveillance et de collecte. Plus spécifiquement, la Douane dispose désormais d’un Groupement spécial d’intervention douanière qui coordonne, au niveau de la direction générale des Douanes, les opérations ciblées et parfois inter-pentières en vue du démantèlement des réseaux de fraude, de contrebande et tout autre trafic illicite. Je peux donc dire que le problème de moyens humains ne se pose pas. S’agissant des moyens matériels, la Douane dispose d’embarcations à Douala, Garoua, Limbé, Idabato, Bamuso, Bekumu pour surveiller les plans d’eau. Cette surveillance de nos frontières maritimes bénéficie de l’appui technique et stratégique de la Marine nationale à laquelle nous sommes liés par une convention signée il y a trois ans entre le ministre des Finances et le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense. 

La douane dispose également de scanners au port de Douala et dans les aéroports de Douala et Yaoundé. De nombreux matériels roulants, des armes et minutions de pointe, des embarcations et des scanners au port et à l’aéroport international de Douala. Des scanners mobiles sont aussi souvent employés, à l’effet de détecter plus facilement les courants de fraude et de contrebande. Par ailleurs, la Douane camerounaise participe à certaines opérations spéciales de lutte contre la fraude douanière et le commerce illicite organisées sous les auspices de l’Organisation mondiale des Douanes (OMD). A titre indicatif, il y a « COCAIR » qui vise à lutter contre le trafic de drogues et substances psychotropes transportés par les voyageurs aériens ; il y a aussi l’opération « CRIPHARM » dédiée à la criminalité pharmaceutique. Enfin, on peut aussi évoquer l’opération « Sauver Rep » destinée à lutter contre le trafic illicite des espèces protégées par la Convention CITES. 

A côté de ces opérations spéciales, l’OMD met également à la disposition des membres, le Customs Enforcement Network (CEN) qui est une base de données contenant les alertes sur les envois à risque, les statistique...

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