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« La pression fiscale est assez faible au Cameroun »

Jean Hugues Nlom, PhD, vice-doyen à la faculté des Sciences économiques et de Gestion de l’universit

Le budget 2018 du Cameroun s’élève à 4513,5 milliards de F. Soit une hausse de 140 milliards de F par rapport à l’exercice précédent. Qu’est-ce qui peut expliquer cette hausse ?

La hausse du budget de l’Etat pour cette année 2018 se justifie par plusieurs facteurs. L’analyse doit être faite à la fois côté dépenses et côté recettes. Pour ce qui est des dépenses, l’année qui débute est une année électorale, ce qui exige des dépenses supplémentaires nécessaires pour faire face à l’organisation des différentes échéances électorales, à savoir les élections présidentielle, sénatoriale, législative et municipale. De même, le défi sécuritaire sur les trois principaux fronts (frontière avec la RCA, l’Extrême-Nord du pays et nouvellement les régions anglophones) justifie également cette hausse des dépenses publiques. La construction des infrastructures liées à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en 2019, justifie aussi l’accroissement des dépenses publiques. Les deux derniers points susmentionnés sont mis en évidence par le fait que les départements ministériels (Travaux publics et Défense) comptent parmi ceux ayant reçu les enveloppes les plus importantes. Par ailleurs, un aspect important concerne le service de la dette. En effet, les dépenses y relatives s’élèvent à un peu moins de 1000 milliards de F, ce qui représente une part importante du budget 2018. Pour ce qui est des recettes, dans un contexte général de chute des cours du pétrole, l’on prévoit une hausse de recettes notamment fiscales car pour cette année, le gouvernement a pris des engagements afin d’améliorer sa capacité fiscale, c’est-à-dire son habileté à mobiliser les recettes fiscales. De même, le crédit du FMI octroyé en juin dernier dans le cadre de la facilité élargie de crédit constitue une bouffée d’oxygène. 

Quelles sont les principales innovations de ce budget ?

Au rang des innovations, l’on note l’institution d’une taxe spéciale sur le revenu (TSR) des personnes morales ou physiques domiciliées hors du Cameroun, servis par des entreprises ou établissements situés au Cameroun, l’Etat ou les collectivités territoriales décentralisées. La taxe s’élève à 15%. On a également l’institution de la garantie « Assurance-Location-Conteneur » (ALC). Les modalités y relatives sont fixées par des textes réglementaires spécifiques. Par ailleurs, la loi de finances de l’exercice en cours rend effectif plusieurs accords signés dans le cadre de l’intégration sous-régionale. Par exemple, on constate l’entrée en vigueur du Tarif préférentiel de la CEEAC ainsi que le Tarif extérieur commun de la CEMAC. De telles innovations militent en faveur de l’intégration sous-régionale. 

La lecture de la loi de finances 2018 fait ressortir un taux de pression fiscale en hausse de 0,4%, de 12,5% en 2017 à 12,9% en 2018. Une telle augmentation aura-t-elle un impact sur le quotidien des Camerounais ?

Bien que l’on observe une hausse de la pression fiscale au Cameroun, il est important de signaler que celle-ci demeure en réalité relativement faible par rapport à celles des économies comparables en Afrique subsaharienne dont la moyenne tourne autour de 17%. Il est aussi opportun de rappeler que l’accroissement des recettes fiscales est une nécessité si le pays veut poursuivre de manière autonome sa marche vers le développement. De manière structurelle, le réel problème au Cameroun a longtemps été le fait que peu de contribuables supportaient la charge de l’impôt. Ainsi, l’accroissement du taux de pression fiscale vient de ce qu’un plus grand nombre de contribuables est concerné. L’impôt devient ainsi plus juste et équitable. Surtout que chacun paie non à sa guise, mais selon sa capacité contributive. Par ailleurs comme susmentionné, pour financer son développement, le Cameroun doit être autonome du point de vue de ses ressources et cela passe par l’accroissement des recettes fiscales dont les effets positifs sont à apprécier à plus long terme. Au demeurant, la hausse négligeable du taux de pression fiscale ne devrait pas remettre en cause le quotidien des Camerounais. 

L’augmentation de la pression fiscale s’est accompagnée d’un élargissement de l’assiette fiscale pour amener le maximum de contribuables à payer l’impôt. Qu’est-ce qui doit être fait pour atteindre cet objectif ? 

Il convient de préciser que ce raisonnement ne signifie pas que l’impôt est une mauvaise chose, mais plus précisément que c’est l’excès d’impôt qui est nuisible. Or, le Cameroun com...

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Commentaires

  • avatar
    17-02-1975

    Pas mal mais pas assez précis

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