Malgré les programmes, projets et financements que le gouvernement et ses partenaires au développement mettent en place pour favoriser le secteur agropastoral, les acteurs continuent à faire face à de nombreux défis. Selon nombre d’entre eux, ces appuis sont insuffisants pour atteindre une production optimale et prétendre à une politique de l’import-substitution. Ces acteurs font face à des problèmes fonciers, « il nous faut des terres pour produire de façon industrielle», explique JeanMarc Olemma, agriculteur dans la localité de Nkoabang près de Yaoundé. Ensuite, vient le sempiternel problème de l’accès aux financements, « les banques ne nous font pas confiance », indique Albert Fankam, éleveur à Nkolbisson. Les intrants, semences, produits phytosanitaires et équipements agricoles ne sont pas en reste. Ils sont coûteux. Si nous pouvions avoir des subventions de l’Etat nous serions beaucoup plus à l’aise », espère-t-il. Les changements climatiques ne sont pas pour arranger les choses et ne favorisent pas une agriculture durable », appuie Hélène Mboa, éleveuse à Zoetelé, une localité du Sud.

Agriculture

La part de l’agriculture qui représentait 44% du PIB en 2004 a décliné à 22,9 en 2013 puis à 17,5% en 2020 et 16,9% en 2021. L’activité agricole et la productivité du secteur ont baissé. « Les rendements des principales cultures restent faibles et la grande majorité des producteurs vit en dessous des seuils de pauvreté dans le Grand Nord », explique pierre Zambo, ingénieur agronome. L’expert ajoute que l’agriculture est confrontée à des défis majeurs, notamment une mauvaise organisation du marché, un mauvais état des routes, un manque d’intrants, des incertitudes saisonnières et des déficits pluviométriques liés aux changements climatiques. Paul Abena, président d’un Gic d’agriculteurs à d’Obala dans la Lekié, parle également d’un accès difficile à l’irrigation, d’un régime foncier instable, d’un accès difficile au crédit et aux équipements agricoles. Autres difficultés tout aussi importantes : des problèmes environnementaux les plus courants en agriculture qui entravent fortement la production », regrette Elie Essomba, producteur de bananes plantains du côté de Ngoulemakong, dans le Sud. Selon ses dires, les ravageurs et les maladies principaux problèmes de l’agriculture, réduisent non seulement les rendements, mais dégradent également la qualité des cultures. « Cela oblige les producteurs agricoles à dépenser davantage en pesticides et fongicides », se désole-t-il.

Elevage

De l’avis de la majorité d’éleveurs, le système d’élevage pastoral au Cameroun est en butte à de nombreuses difficultés. Qu’il s’agisse entre autres d’un accès limité aux intrants, de pâturages dégradés, de ressources alimentaires limitées ou de points d’eau insuffisants pour les troupeaux, tous ces facteurs sont aggravés par le changement climatique. D’autres problèmes majeurs concernent la santé et l’hygiène, provoquant des maladies endémiques. Des éleveurs nomades, par manque d’organisation, tardent à adopter de bonnes pratiques d’élevage. « Ils ne sont pas en mesure de gérer l’accès aux ressources pastorales de manière durable, ce qui entraîne des conflits fréquents avec d’autres utilisateurs tels que les agriculteurs et les pêcheurs », confie Tekounegning Saa, chef des aménagements et du pâturage de la Société de développement et d’exploitation des productions animales (SODEPA). Des difficultés résident également dans la disponibilité limitée des services de conseil pour promouvoir des techniques innovantes et l’accès restreint au financement. Tous ces éléments se traduisent par une faible productivité des races locales, une mauvaise gestion de l’alimentation du bétail et de la santé animale, et par des revenus réduits pour les éleveurs. Il faut aussi dire que la pandémie du Covid-19 a un eu impact négatif sur l’ensemble du secteur de l’élevage, en particulier sur les importations d’intrants, de semences, d’aliments et d’équipements de meilleure qualité. En ce qui concerne les ...