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« Il faut voir du côté des financements innovants »

Dr. Julien Grégoire Onguéné Ateba, économiste.

Quelle analyse faites-vous de l’écosystème financier actuel du Cameroun et des possibilités pour les femmes d’accéder aux financements ?

Il faut déjà comprendre que l’écosystème financier du Cameroun est composé d’une communauté financière constituée de banques et de microfinances (EMF) qui interagissent avec les entreprises, les particuliers, les institutions publiques et autres. Et donc, l’interaction obéit au respect de certaines conditionnalités, parce que l’accès au financement a un coût et des exigences en matière de moralité notamment et ce que l’on peut donner comme gage pour rassurer les institutions financières. Maintenant, pour ce qui est de l’interaction entre cet écosystème financier et la femme, je voudrais quand-même rappeler qu’il n’est pas déjà aisé pour le particulier homme d’avoir accès au financement. Obtenir un crédit n’est jamais la chose la plus facile et vous comprenez dès lors pourquoi ça sera davantage difficile pour une femme. On a toujours estimé dans la culture africaine que la femme devait être mise au second rang, car jugée incapable d’innover et d’entreprendre à un certain niveau, qu’elle ne pouvait pas prendre certains engagements, certaines décisions. C’est cette approche qui s’est propagée vers ces institutions financières et vous voyez dès lors que l’écosystème devient versatile vis-à-vis de la femme. Il n’est pas assez ouvert. L’accès aux financement devient restrictif pour les femmes lorsqu’elles n’obéissent pas à des règles qui sont aussi imposées aux hommes en quête de financements.

Concrètement qu’est-ce qui explique le difficile accès des femmes aux financements ?

Si parfois on demande aux hommes, en garantie du crédit, un titre foncier, un bâtiment, une immobilisation, etc. combien de femmes pourront l’avoir ? C’est la première difficulté. La femme pour la plupart épouse un homme et c’est l’homme qui est détenteur du titre foncier d’un terrain qu’il achète. Dans des cas rares, vous verrez un homme mettre le titre foncier au nom de sa femme. Et donc, il y a déjà cette barrière-là, la disponibilité de certains documents qui pourraient assurer la crédibilité pour qu’elle ait accès au financement et bien d’autres. Combien de femmes ont des immobilisations ou des terrains à leurs noms ? elles ne sont pas nombreuses. Il ne suffira pas pour ces femmes de monter un projet bancable, parce que si vous n’avez pas accès à certaines disponibilités en matière de bâtiment, de titre foncier, ça devient difficile. Il y a des leviers comme ça qui plombent le vœu de la femme d’avoir accès à ces financements.

Comment lever ces contraintes et rendre le système plus favorable aux femmes ?

Les problématiques sur l’approche genre ont été développées depuis les sommets du millénaire 2000, celui des ODD de 2010 qui consistait justement à évaluer les objectifs de 2000 pour créer plus de dynamique. La femme a toujours été mise au centre de ces problématiques. Mais, cela ne suffit pas pour les pourvoyeurs de financements de laisser la voie facile aux femmes pour l’accès aux financements. Ce qui est dit en théorie est une chose. Mais, la pratique devient une autre épée de Damoclès et c’est le problème que subissent les femmes aujourd’hui pour l’accès aux financements. La gestion des ressources humaines dans ce sens n’est pas une évidence et donc les pourvoyeurs de financement ont une autre approche. Parce qu’en réalité pour eux, il faut déjà voir en la femme ce personnage-là de manière classique qui n’avaient fondamentalement pas accès à ce type de financements. Mais aujourd’hui, les données ont changé. Tous ces sommets ont permis de démontrer que la...

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