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Promouvoir l’économie sociale et solidaire, une réforme pour renforcer la résilience du Cameroun

Dans le contexte spécial de l’année internationale des coopératives (2012) déclarée par l’ONU, le premier sommet international des coopératives s’est tenu au Québec sous le thème « l’étonnant pouvoir des coopératives ». Les 125 personnes invitées, à présenter des conférences ou à participer à des panels, avaient planché sur quatre sous-thèmes dont la place des coopératives et des mutuelles dans l’économie, la performance et l’évolution du modèle coopératif et mutualiste. Ce sommet a été l’occasion d’une intense réflexion avec la participation de prestigieux conférenciers comme Madeleine Albright et Jacques Attali.

Une étude, dont les résultats ont été présentés lors du sommet, mettait en relief le poids important du mouvement d’affaires coopératif. Elle souligne sa contribution dans la régulation et la stabilité économique, sociale et politique, le maintien d’un accès équitable aux biens et services, la protection et le développement de la diversité et de l’inclusion économique, sociale et politique. Les entreprises coopératives sont solides, comparativement aux sociétés cotées en bourse. Leur résilience remet ainsi en cause des conceptions voulant que la dimension sociale reliée au fonctionnement coopératif s’oppose à celle de rentabilité économique. Les coopératives réagissent rapidement dans les situations de crise. Au Japon, elles ont été les premières entreprises à porter secours aux victimes de tsunami. Les coopératives sont aussi des acteurs clés de l’éducation citoyenne, notamment en matière de démocratie, de prise en charge et de gestion.

Lors de son intervention, Jacques Attali avait estimé que la principale menace à la croissance économique est le repli sur soi (ou culture de l’individualisme) et les conséquences qu’il engendre. Pour lui, l’économie de marché balaie toute règle de droit ; c’est une « économie criminelle ». Il s’agirait en fait d’une jungle économique, peuplée de fauves redoutables, et où la lutte pour la vie ne fait pas toujours triompher les meilleurs. En effet, la métaphore de la main invisible emprunte à la thèse de Machiavel, qui stipule que le bien sort très souvent du mal. Adam Smith s’en inspirant, conclut que la croissance et l’enrichissement des sociétés est l’effet non voulu du comportement mesquin et égoïste1 . Les politiques fiscale et monétaire, se réclamant de cette philosophie, adoptent des mesures qui enrichissent les plus favorisés de la société. Cette conception (qui s’appuie sur une logique de croissance fondée sur l’investissement privé et la recherche effrénée du profit) a conduit à un monde qui voit s’enrichir considérablement un petit groupe d’individus ou de nations et s’appauvrir tout aussi considérablement un plus grand nombre. C’est fondamentalement pourquoi le modèle libéral est incapable de stabiliser les niveaux de vie dans les pays riches et d’affronter les défis du développement dans nos pays. La « main invisible du marché » qui devait nous conduire à l’intérêt général par la somme des intérêts individuels maximisés, n’a pas atteint cet objectif et a au contraire entraîné un niveau de risque élevé. Dans un contexte où le modèle libéral montre ses limites (croissance anémique, chômage important, pauvreté tenace, déficit chronique de la balance commerciale, fragilité), le mouvement coopératif pourrait être une source d’inspiration pour le Cameroun. Coopératives, mutuelles et d’autres entreprises cousines constituent l’économie sociale et solidaire dans le monde. Le concept « économie sociale et solidaire » peut à juste titre être considéré comme le pendant économique de la vision du monde du président de la République, Paul BIYA : une vision absolument humaniste qui suppose un ordre international plus juste et plus solidaire. Il convient de rappeler que les coopératives et mutuelles sont présentes dans pratiquement tous les secteurs de l’économie et touchent tous les aspects de la vie humaine. Qu’est-ce qui a empêché la concrétisation dans notre pays de cette vision avant-gardiste du chef de l’État ? À notre humble avis, une part de responsabilité est imputable aux économistes camerounais au sens large qui ont été incapables de proposer des réformes adaptées à cette vision. Il leur revenait, selon nous, de concevoir une politique économique d’ensemble qui réalise les aspirations populaires qu’exprime le président de la République.

Pour ne pas allonger le texte, on se limitera à évoquer le fait qu’ils n’ont véritablement pas aidé le gouvernement à dépoussiérer des dogmes promus par des institutions internationales dans notre pays durant plus de deux décennies notamment, en ce qui concerne la dépense publique (sa réduction ou son évolution dans le même rythme que les ressources propres) et les priorités de développement. Les dogmes sont en effet dangereux pour le pilotage avisé d’une politique économique. A certains moments, la relance par la consommation peut s’imposer. Les dépenses publiques sont soumises à des facteurs objectifs et politiques qui consomment régulièrement les marges de manœuvre. L’économie fonctionne en système complexe dans lequel il n’est pas possible d’isoler précisément causes et conséquences. Rien, en économie, n’est toujours vrai ni toujours faux. S’agissant du volet développement, la hiérarchisation des priorités a été l’une des plus grandes faiblesses de nos politiques publiques. Par exemple, à l’instigation des institutions financières internationales, l’école primaire a été privilégiée au détriment de la vulgarisation et d’une meilleure struc...

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