loader

« La donnée informatique est le pétrole du 21e siècle »

Dr Mathurin Soh, enseignant chercheur à l’université de Dschang, spécialiste en cybercriminalité.

La troisième édition de la semaine du numérique se célèbre du 14 au 18 mars sur le thème « cybercriminalité et innovation numérique: quels défis pour la jeunesse camerounaise? ». Quel commentaire vous inspire cette thématique?

Nous vivons dans un monde qui devient chaque jour plus numérique. Ce thème fort évocateur et interrogateur invite la jeunesse à se porter plus vers le numérique et à innover. Apporter des innovations tous azimuts qui permettent de faire face à la cyber délinquance, la cybercriminalité. De ces maux, la jeunesse camerounaise n’est pas épargnée. Elle n’est pas une exception. Elle est particulièrement concernée par les questions de cyberharcèlement, cyberdépendance, cybermenaces et j’en passe. Face à cela, la sensibilisation sur les enjeux de cybersécurité doit se faire dès la jeune enfance. Cette sensibilisation doit être permanente et effectuée par un travail de proximité. Il faut inculquer aux jeunes les bonnes pratiques en matière de sécurité numérique dès le plus jeune âge.

Ne doit-on pas tirer la sonnette d’alarme sur les méfaits de cette cybercriminalité qui a causé des pertes de 12,2 milliards à l’économie camerounaise en 2021 ?

Dans cette volonté de sensibiliser les publics non avertis, la cybersécurité est un facteur d’opportunités, mais aussi de risques qu’il faut anticiper et prévenir en accompagnant les acteurs et principalement la jeunesse. La cybersécurité est un vaste champ d’intérêt et d’opportunités. Au vu de l’importance que prend le numérique dans nos vies, c’est en effet dans ce secteur qu’on recrute et qu’on va recruter davantage dans les années à venir. Que ce soit pour assurer la cyberdéfense, la cybersécurité ou les métiers spécialisés dans les actes cybercriminels. Il est de plus en plus admis que la donnée informatique est le pétrole du 21e siècle. C’est « LA » source de croissance pour les entreprises du numérique, mais de plus en plus aussi pour les industries traditionnelles qui, grâce aux données qu’elles collectent et agrègent, peuvent mieux comprendre les attentes de leurs clients et y répondre selon des stratégies d’approche toujours plus personnalisées, générant plus de performance et de retour sur investissement. Pour une organisation, investir sur sa cybersécurité, c’est-à-dire la sécurisation de ses données, des systèmes qui les exploitent et de leur manipulation, c’est s’assurer de disposer de la ressource nécessaire pour piloter au mieux son activité. Mais, c’est aussi s’assurer que ce « trésor de guerre » ne tombera pas dans des mains malveillantes, qui peuvent les corrompre ou les voler. L’espionnage économique passe de plus en plus par des intrusions informatiques et des années d’efforts en recherche et développement peuvent ainsi être hypothéquées par le vol de secrets industriels. Dans cet écosystème de cybercriminalité, il faut vraiment s’inquiéter. Et beaucoup d’entreprises nationales ont compris cela et investissent déjà pour leur cybersécurite.

Face aux nouveaux produits numériques proposés aux consommateurs les cybercriminels multiplient des stratagèmes pour spolier les « clients ». N’est-ce pas un fait qui doit encourager les populations à éviter tout ce qui est numérique ?

On peut le voir aussi comme cela si l’on est porté à avoir du pessismisme en ce sens. Mais dans un agglomérat d’activités numériques telles que la santé, la communication, l’éducation, le commerce, et j’en passe, je m’interroge : pouvons-nous réellement nous passer du numérique ? Il me semble que c’est non. Il faut se prémunir et se protéger. Les hackers sont comme des bandits qui, malgré les systèmes de sécurité les plus sophistiqués qu’ils trouvent installés dans les domiciles et les entreprises, déploient des stratagèmes pour s’y introduire. Doit-on en ce moment-là se priver d’un logis ou fermer l’entreprise pour éviter le bandit ? Non. On devient juste plus prudent et on se sécurise...

Partager cet article

Commentaires

    List is empty.

laisser un commentaire

Your special Cameroon Business Today issue in digital version

abonnement I subscribe

Download
app Cameroon Business Today

logo apps