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Restauration des paysages forestiers dégradés: Le bambou à la rescousse

La ressource, si elle est valorisée, peut permettre au Cameroun de s’adapter aux effets négatifs des changements climatiques.

Cet après-midi du samedi 9 octobre 2021, René Nyobe raconte, la gorge nouée, ses craintes vis-à-vis du sort des rivières de son village Mapoubi-Logkamdje, dans l’arrondissement de Ngwei, département de la Sanaga-maritime, région du Littoral. « Depuis 2017, des exploitants sont entrés dans nos forêts et ont commencé à abattre les bambous pour revendre en ville. C’est vrai qu’au début, ça ne nous gênait pas, parce qu’on croyait qu’ils nous aidaient à faire disparaître cette plante qui d’après nous était envahissante. Mais, on a remarqué que nos rivières tarissent de plus en plus et cela nous fait déjà peur », relate-t-il. Dans son témoignage, le sexagénaire précise que 50% de son arrondissement d’origine est entouré de bambou. La plante qui a longtemps été considérée comme envahissante et sans aucune valeur au Cameroun, est de plus en plus utilisée pour reboiser les espaces impactés par l’agriculture et l’exploitation forestière illégale.

Selon le coordonnateur de l’Ong camerounaise Forêts et Développement rural (Foder), Christophe Justin Kamga, au cours du seul mois de mai 2021, l’organisation a mis en terre plus de 2000 plants de bambous sur une superficie de 10 hectares dans les localités de Mbalmayo, Akomnyada 1 et 2 et Aveube. A date, l’Ong Foder a déjà restauré 15,5 hectares de terres à Mbalmayo, localité située dans la région du Centre. Ces activités rentrent dans le cadre de la mise en œuvre d’un mémorandum d’entente (MoU) signé avec l’Organisation internationale pour le bambou et le rotin (Inbar), pour la valorisation de la ressource.

L’ambition est de contribuer à la restauration de 600 000 hectares de terres dégradées au Cameroun d’ici cinq ans. L’initiative s’inscrit par ailleurs en droite ligne du projet « The Restoration Initiative » (TRI) développé en partenariat avec Inbar, avec le soutien du Fonds mondial pour l’environnement (FEM). Afin de pérenniser la ressource, Foder dispose de deux pépinières de 30 000 plants dont 10 000 plants à Akomnyada et 20 000 plants sur le site de l’Agence nationale d’appui au développement forestier (Anafor) à Mbalmayo.

Le bambou séquestre le carbone dix fois plus que le bois

D’après François Médard Medjo, observateur indépendant externe à Foder, le recours au bambou vise à reboiser les sites qui ont subi des impacts négatifs de l’exploitation forestière, des feux de brousse, de l’activité minière ou des sites qui sont en voie d’accéder à la déforestation globale comme les régions du Nord et de l’Extrême-Nord. Dans la partie septentrionale du pays, le ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded) expérimente depuis septembre dernier, un projet de restauration de la biodiversité des berges du fleuve Bénoué, à travers l’utilisation du bambou. Le projet couvre les localités de Pitoa, Lagdo, Garoua 2e et Garoua 3e. Le projet cadre ainsi avec la réalisation de l&rsquo...

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